mardi 15 janvier 2013

Presque Chanson - Dis Moi Papa

 Un petit hommage à Renaud. Plus précisément à la chanson " Pourquoi d'Abord ?".

Mon papa dis moi pourquoi
Le monsieur qui vient le soir
Pour faire le ménage chez toi
Sa peau à lui est noire?

C'est un nègre, pas un monsieur
Et cet enfoiré m'saoule,
C'est un connard paresseux
Un peu comme les bougnouls.

Dis papa aussi pourquoi
Y'a un de mes copains
Il dit qu'il a deux papas,
Moi j'y comprends plus rien

Cet enfant là n'a pas deux pères,
C'est juste de sodomites,
Ceux là brûleront en enfer
Donc maintenant tu l'évites.

Et pourquoi l'vieux qui vit dehors
Juste en bas d'chez nous
Lui il a pas de montre en or?
On dirais qu'il a pas d'sous.

Tiens merci d'm'y faire penser
A ce glandeur d'ivrogne,
Si demain il a pas dégagé
Je descends et j'le cogne.

Mais nous papa on a pleins d'argent
Alors dis moi pourquoi
On en donnerais pas aux gens
Que eux ils en ont pas?

Bon Marine là tu m'fais chier
Avec tes questions débiles,
Quand je serais à l'Elyssée,
Répondre s'ra plus facile !

lundi 14 janvier 2013

Nouvelle - Le Palais des Glaces

Elle sentit une présence derrière elle, elle se retourna... Et ne vit que son reflet. Sur l'instant, elle se trouva sotte, et se mit à rire de la peur qu'elle avait eu. Cependant, quelque chose dans son rire sonnait faux. Ce n'était qu'un réflexe de défense, et elle le savait très bien. Elle était extrêmement anxieuse depuis qu'elle était entrée dans ce labyrinthe de miroirs. D'aussi loin qu'elle pouvait se souvenir, elle avait toujours détesté ce genre d'attraction. Elle n'avait aucun sens de l'orientation, ce qui expliquait son manque d'attirance pour les labyrinthes classiques. Que penser alors de ces palais des glaces prévus pour brouiller vos sens et vous égarer encore plus facilement ? Et puis... il y avait autre chose. Une chose qu'elle ne pouvait définir, une peur qui la saisissait à chaque fois qu'elle déambulait dans ces couloirs aux murs réfléchissants.
Ce n'était pas la peur, compréhensible, de se perdre. C'était quelque chose de plus complexe, de plus profond. Une peur presque panique, qu'elle essayait tant bien que mal de cacher lorsqu'elle partait à la suite de son frère et de sa sœur quand, enfants, ils passaient des journées entières à la fête foraine. Cette fois ci, elle était grande, et elle était seule. Plus personne à qui cacher cette terreur grandissante à part elle même. Car oui, cette fois encore, elle avait peur. Plus peur que jamais même. Elle ne se rappelait même plus quel idiot avait pu la pousser à entrer seule là dedans. Elle s'en moquait. Ça n'avait plus d'importance.
Elle était à présent dans une salle minuscule. Comme partout, le sol et le plafond diffusaient une lumière blanche. Et comme partout, elle voyait son reflet de toutes parts. A gauche, à droite, en face... Et dès qu'elle fixait son attention sur un miroir, tous ses autres yeux se fixaient instantanément sur elle.
Elle commença à ressentir une douleur dans les mollets. Elle avait marché depuis un temps qui lui semblait une éternité. Elle n'avait jamais été très sportive. Ça avait toujours été sa sœur ainée la plus endurante. C'était sa sœur que leur père emmenait aux rencontres sportives, et c'était sur son étagère à elle que s'entassaient les trophées junior. Longtemps elle avait rêvé d'égaler les prouesses de l'ainée. Longtemps elle a espéré allumer elle aussi cette étincelle de fierté dans les yeux de son père.
Elle continua d'avancer, hésitant à toutes les intersections, ayant l'impression de tourner en rond, de repasser encore et encore par les mêmes couloirs. Tout se ressemblait dans ce maudit endroit... Elle finit par arriver dans une seconde salle, un peu plus grande que la première. Et toujours ces foutus miroirs. Elle n'avait jamais aimé les miroirs. Adolescente, elle passait son temps à se dévisager dans celui de la salle de bain, à essayer de se faire belle. Parfois elle pensait y être arrivé, mais les garçons du lycée avaient vite fait de lui briser ses espoirs à grands coups de surnoms stupides et injurieux.
En regardant successivement tous les murs, elle se rendit compte que quelque chose clochait. Il lui semblait que lorsqu'elle bougeait les yeux de droite à gauche ou de gauche à droite, chacun de ses reflets continuait à la fixer impassiblement, au lieu de bouger les yeux eux aussi. Elle conclut à une illusion d'optique et préféra continuer plutôt que de s'appesantir sur cette impression. Elle n'était pas du genre à s'arrêter sur un problème et à y réfléchir. Quand elle le faisait, elle se sentait bête et irrationnelle. Sa mère le lui reprochait souvent. Elle se plaignait qu'elle ne soit pas comme son petit frère, qui était curieux de tout et cherchait à intellectualiser chaque chose, à apprendre tous les jours. C'est en partie à cause de cette pression qu'elle avait arrêté brutalement ses études.
Cette fois ci, elle en était certaine. Quelque chose n'allait pas. Son cœur battait de plus en plus vite. Alors qu'elle avançait, elle pouvait voir ces yeux, ses yeux, qui la regardaient, partout... Elle pressa le pas.
Elle finit par arriver dans une autre petite pièce, un peu plus grande encore que la précédente. Elle s'arrêta en plein milieu, et se mit à tourner sur elle même. Toujours ce regard qui venait de toutes les directions, sans un seul endroit où se cacher. Elle s'arrêta sur un miroir qui lui faisait face. Elle observa son reflet. Et celui ci de lever lentement vers elle un doigt accusateur. Celui à sa gauche fit de même. Puis celui de droite. Et celui ci, et celui là. En quelques instants, des dizaines de doigts étaient pointés sur elle. S'en était trop. Elle se mit à courir, à crier. Elle appela à l'aide. Mais personne ne répondit. Personne n'était là. Il n'y avait qu'elle.
Elle déboucha dans une dernière pièce, encore plus grande que les autres, mais qui s'avéra être un cul de sac. Quand elle fit volte face pour chercher un autre chemin, elle ne put retrouver le couloir par lequel elle était entré. Elle recula, cria, s'époumona sous les regards qui l'encerclaient, lui coupaient toute retraite. Soudainement, le sol et le plafond n'émirent plus aucune lumière. Elle se retrouva dans le noir le plus total. Pourtant, dans le miroir qui lui faisait face, et seulement celui là, son reflet, son horrible reflet, continuait d'être éclairé comme par une ouverture vers le jour au dessus de sa tête, ce qui lui donnait l'apparence d'un ange, ou d'un fantôme. Et toujours, toujours ce doigt accusateur, toujours ce regard qui la transperçait, et cette bouche, cette bouche grande ouverte qui semblait vouloir hurler, mais dont aucun son ne sortait. Elle n'en pouvait plus. Elle aurait voulu mourir. Mourir plutôt que de supporter encore son propre regard. Car, à travers ces yeux, elle voyait tous ceux à qui elle avait voulu plaire. Tous ceux qui l'avaient ignoré ou rejeté, tous ceux aux yeux desquels elle n'était rien, et même moins que rien. Elle se recroquevilla au centre de la pièce et se mit à pleurer.
Et puis, il y eut ce bruit. Ce bruit électronique et assourdissant, le genre de bruits dont on veut qu'ils s'arrêtent à l'instant même où ils commencent.
En se réveillant ce matin là, elle eut la certitude de n'être plus jamais la même.


vendredi 11 janvier 2013

Conte - La Choppe de Bière et le Verre de Vin

C'est sur le zinc d'un troquet parisien que furent réunis, un soir, par le plus grand des hasards, une choppe de bière et un verre de vin. Il est des mondes qui ne sont pas faits pour se rencontrer. C'est du moins ce que se dit le verre de vin lorsqu'il furent présentés. Il faut dire que le contraste était violent. La choppe de bière n'avait en effet pas beaucoup d’élégance. Un grand verre d'où dégoulinait abondamment une mousse blanchâtre, ça évoque d'avantage la beuverie et la vulgarité que la noblesse. Le verre à vin, lui, avait autrement plus de prestance. Un beau verre à pied contenant la juste dose d'un vin vermeil. La lumière qui filtrait dans l'enivrant liquide lui donnait des reflets étincelants. « Je ne devrais pas avoir à côtoyer de tels individus. », se dit le verre de vin. « Je vaux beaucoup mieux que ça. Je suis l’image même de la gastronomie française. Je suis synonyme de délicatesse et d'élégance. La fine fleur du terroir. Je suis là pour le plaisir que je procure aux sens les plus avertis. Les reflets de ma robe, l'arôme de mon nez, mes larmes qui coulent lentement, les saveurs subtiles que je dégage au palais. Je suis à mille lieues de cet objet de débauche, juste bon à saouler les rustres incapables de m'apprécier, et qui finira pissé contre un mur ou vomi dans le caniveaux. ». Mais avant même que quiconque ait peu y tremper les lèvres, le geste maladroit d'un des clients fit choir le verre qui se brisa en mille éclats, rependant sa contenance sur le sol. « Mince, je suis désolé. », dit le client.
« Pensez vous, », répondit le taulier, « c'est jamais qu'un peu de piquette. Je vous en sert un autre. »

mercredi 9 janvier 2013

Texte Totalement Informel - Lettre Ouverte à ma Bien-Aimée

J'ai écrit ça hier, après deux bonnes heures à cogiter dans mon plumard. D'habitude, je met ma tête et mes couilles dans mon stylo. Cette fois ci, j'y ai mis que mon cœur. Et ça fait mal. Je viens de finir de le taper, j'ai presque rien corrigé, mais j'avoue que je l'assume difficilement. C'est vachement éloigné de ce que je fais d'habitude. Soyez indulgents, ou j'te casse la gueule.




Cher amour,

J'écris ces mots parce que je suis incapable de pleurer. Jamais quand j'en ai réellement besoin, en tout cas. Jamais pour les choses importantes...
Pourtant, il faut que je fasse sortir ce qui me dévore l'âme. Tu ne peux pas imaginer comme ton absence me pèse...
Je pense à toi depuis si longtemps déjà... J'imagine à quoi tu ressemble, ce que tu fais, ce que tu aimes. Je me demande si tu pense à moi...
J'ai déjà vécu mille fois notre rencontre, tu sais... A l'école, au boulot, dans la rue, dans un café, dans une soirée, pendant les vacances... Même sur internet bon dieu...
J'ai rêvé ton sourire, ton regard, ta voix... Je vis en mal de toi.
Il y a des moments que j'apprécie, des instants ou je me sens bien, certes. Mon manque n'est pas un manque lyrique, dans lequel je penserais à toi à chaque seconde, où je ne pourrais jamais sourire loin de toi, où je ne remarquerais aucune autre fille...
Mon manque à moi est bien réel, et à défaut d'être romanesque et omniprésent, il est une douleur qui ne me quitte jamais vraiment...
Je ne pense pas à toi quand je suis au cinéma, au boulot ou en soirée. Mais il n'est pas un soir où je ne donnerais tout pour être à tes côtés...
Il m'arrive de sourire, de rire, et très franchement. Mais à chaque fois, un petit bout de mon être regrette que ce ne soit pas avec toi...
J'ai remarqué d'autres filles, j'en ai même connues. Mais je doute d'avoir jamais aimé comme je voudrais t'aimer...
J'ai déjà cru t’apercevoir, tu sais. Mais elles n'étaient pas toi...
Elles cherchent toutes à être parfaites, trop parfaites, chacune à leur manière. Toi, tu n'en aura pas besoin. Toi, tu sera parfaite. Pas parce que tu n'aura aucun défaut, je le sais. Mais tu sera parfaite pour moi. C'est tout ce qui importe...
J'ai l'impression de te chercher depuis si longtemps que j'ai parfois du mal à croire encore en toi. Mais tu sais ce qui me redonne toujours espoir ? La certitude que je te reconnaîtrai...
A l'instant même où je poserai mes yeux dans les tiens, je me dirai « C'est elle. C'est celle avec qui j'accepterai de me rouler dans l'herbe en effeuillant des marguerites sans trouver ça niais. La seule avec qui je passerai des nuits entières à discuter sans jamais me lasser. La seule à qui je pourrai dire qu'elle est la plus belle sans jamais me forcer. La seule pour laquelle j'accepterai d'écrire des textes réservés à ses yeux uniquement. La seule qui me fera oublier mes doutes sur l'amour. La seule que j'aimerai tellement que je le sentirai dans les recoins les plus sombres et tortueux de mon âme. La seule que j'aimerai vraiment... ».
Quand je regarde le ciel la nuit et que quelques étoiles percent à travers le ciel pollué, je pense à toi...
Quand un film, un livre ou une musique me bouleverse, je me demande si tu l'aimerais...
Quand je me plonge dans mes questionnements les plus intimes, j'imagine ce que tu répondrais...
Oh, si seulement tu pouvais me répondre...
Tu hantes mes rêves, tu sais. Tu viens à chaque fois me visiter sous des traits différents, mais je sais toujours que c'est toi...
Si tu savais comme tu me manque...
Comme je voudrais que tu ne sois pas qu'un songe...
Qu'une illusion...
Qu'un espoir...
Pour l'instant, je préfère garder mes à priori sur l'amour et les couples. Je me protège. Je continue à me forcer à douter...
Mais je sais que tu es là, quelque part...
Je rêve que tu lise ce texte, que tu te reconnaisse et que tu vienne vers moi. Mais je doute que ce soit aussi simple...
Et si par malheur nous devions ne jamais nous croiser, alors je te le dis quand même, juste une fois, au moins une fois, pour ne pas avoir l'impression de vivre ma vie en vain...
Je t'aime...