mardi 13 octobre 2015

Presque Chanson - Non, je n'ai jamais su comment parler aux femmes


De toutes les tirades qu'en ma tête je forge,
De tous mes beaux discours et de mes envolées,
Des coléreux laïus que je peux étaler,
Il n'y a qu'un moyen de me nouer la gorge.
Il existe un domaine où ma prose est infâme,
Pourtant, par le langage, je suis un fin bretteur
Nullement cette adresse ne s'applique à mon coeur
Car je n'ai jamais su comment parler aux femmes.

Suffit que l'on me mette face à un opposant
Et là Paf ! Sans souci, me voilà au créneau.
Je taille, je coupe, je pique à la pointe des mots,
Je ne concède rien, je mord à pleines dents.
Il n'est pas un gaillard qui puisse me faire peur,
Je l'attaque à la strophe et à l'envoi je touche,
Je suis habitué à ce type d'escarmouche,
Je maintient le combat parfois pendant des heures.

Mais mettez devant moi un délicat minois
Et là Plof ! Radical. J'ai perdu tous mes mots.
Je me fige, je bafouille, je vaut moins que zéro,
Je lâche mon épée et je reste en émoi.
Il est usant pour l'âme de sans cesse rougir.
Pourtant, les mots d'amour, je sais les prononcer,
Le cœur au bout des doigts, de chansons en sonnets,
Mais tout est différent dès lors qu'il faut les dire.

Je n'ai aucun problème à sortir mon tranchoir,
Avec des mots acides à refaire le monde,
Avoir les yeux qui brillent, avoir la voix qui gronde,
Suivez moi au bistro, c'est fait le premier soir.

Mais trouver un mot doux à un moment propice,
Rester maître de soi, stoïque, imperturbé,
Lorsque toute mon âme elle même est un brasier,
Non, je n'ai jamais su mener cet exercice.

Aussi, quand la faucheuse viendra mander mon âme,
Pour peu que je n'aie pas fini l'entraînement,
J'aimerais la convaincre de me laisser du temps
Mais... Je n'ai jamais su comment parler aux femmes.