vendredi 17 octobre 2014

Sonnet - L'amant Trop Inspiré

Celui qui a le cœur des plus immodérés
Se surprendra souvent, quel étrange prodige
Dès qu'un joli minois lui donne des vertiges
À s'offrir au lyrique et ses obscurités

Et ainsi se condamne l'amant trop inspiré
À laisser s'envoler ses chances de prestige
Car de ses profondeurs, le malheureux s'oblige
À murmurer dans l'ombre une ode à la clarté

Cette horrible tendance à dresser piédestal
Pour un mot, un regard, un sourire amical
Tuera toujours dans l’œuf la réciprocité

Je suis de ces amants, cet éternel vassal
Dévoué corps et âme à un amour spectral
Dont aucun des visages n'a eu de densité

mercredi 20 août 2014

Sonnet - Quelle douce promesse que celle du néant


Quelle douce promesse que celle du néant

Qui  fait de cet instant la plus grande merveille

Qui fait taire la peur de l’ultime sommeil

Et libère la vie de ses divins carcans

 

Et ainsi je me gausse en voyant de tous temps

Du vin de l’eternel  vider maintes bouteilles

En croyant que c’est là un cadeau sans pareil

Cette masse fébrile de bigots arrogants

 

Plutôt que de remplir et l’après et l’avant

Il n’y a selon moi rien de plus apaisant

Que de naître de rien et puis d’y retourner

 

En évitant des cultes prêcheurs et monuments

Me refusant aux dieux et à tous leurs tourments

C’est la vie, elle seule, que je me vois louer

jeudi 14 août 2014

Sonnet - Odieux crime vous fîtes

Odieux crime vous fîtes d’ainsi vous déguiser

De maladroitement feindre d’être commune

Lors que tous vos attraits témoignent la fortune

Que vous firent les dieux qui vous ont modelés


Détestable arrogance d’oser déambuler

Fâcheuse délectable, délicieuse importune

Déchirant le décor sans compassion aucune

Pour les yeux et les cœurs que vous pourriez blesser


Quel culot fût le vôtre en me voyant pâlir

Tout en vous permettant d’y semer le désir

De passer dans ma vie sans vous y arrêter


Et quel affront, enfin, vous me fîtes subir

Gardant la tête haute, sans daigner en rougir

De bousculer mon âme sans vous en excuser

dimanche 11 mai 2014

Sonnet - La Muse et l'Orchidée

La muse et l'orchidée souffrants un désaccord
Afin de l’éclaircir, par un matin de mai
Vinrent se rencontrer pour une fois encore
Discourir sur le point qui les avait fâchées

" Enfin ! disait la muse, je suis du chant le corps !
La plume du poète est par ma main guidée ",
" C'est moi, dit l'orchidée, qui suis son vrai trésor, !
Et de ses plus beaux chants je suis toujours l'objet "

Tant elles s'obstinnaient à se jeter la pierre
Et à se quereller, qu'elles ne remarquèrent
Le poète passant en quête d'opportune

Ignorant vraiment tout de cette étrange guerre
Car comme de coutume, regardant au parterre,
Il se dit qu'a ses yeux, elles ne faisaient qu'une.

mardi 25 février 2014

Sonnet - Le Loubard et la Nuit

Le loubard et la nuit on pu se retrouver
L'espace d'un instant, au sortir d'un bureau,
Pour le temps d'un trajet traîner leurs godillots
En souvenir du temps de leurs folles virées

Le loubard s'est perdu à force de plier
Arrêter les bitures, troquer son perfecto,
Oublier le bitume, tronquer ses idéaux
Le loubard s'est rompu sous le poids des années

Voyant avec dépit son ami fatigué
La nuit, par nostalgie, fît soudain raisonner
Leurs cris qui, autrefois, faisaient vibrer les rues

En entendant l'écho de tout ce qu'il était
Déchirer le silence qui s'était imposé,
Le loubard à pleuré, et la nuit, elle, s'est tue.