dimanche 29 décembre 2013

Texte Totalement Informel - Vingt Ans

Ça y est. J'ai passé le pas. J'ai définitivement laissé derrière moi l’appellation " teenager ". J'ai pas beaucoup de mérite, ceci dit. J'y ai été poussé.
Alors que j'hésitais sur le seuil, me demandant si j'allais pas faire une connerie, j'ai reçu un bon coup de pied au cul qui m'a fait passer la ligne. J'ai pas bien vu qui me l'a donné. Cette enflure s'était dissimulée sous un drap noir. En voyant mon visage déconfit se tourner vers elle, elle a rigolé un bon coup et s'est éloigné en me lançant des grands " Tic – Tac – Tic – Tac ".
Alors ça y est, vingt ans. Vingt ans pourquoi ? Vingt ans de quoi ? Mine de rien, j'en ai semé, des cailloux derrière moi. Pas pour retrouver mon chemin, ce serait futile. Faire marche arrière est impossible. Je sais bien que l'ogre finira par me chopper. Il avance vers moi à grands pas. Ou peut-être est-ce l'inverse. Au fond, peu importe. Quand je le sens trop proche, je jette un oeil aux cailloux que j'ai laissé derrière moi. Et je me dis que j'aurais au moins ça.
Vingt ans de quoi ? De tellement de choses qui sont si peu de chose. De si peu de choses qui représentent tellement.
Des journées perdues, plus ou moins. D’oisivetés maladives. De paresses dépressives. De mollesses injustifiées. Des journées productives, aussi, c'est arrivé.
Un bagage culturel qui ne demande qu'a s'étoffer. Une envie de connaître qui ne sera jamais comblée. Des films vus et revus, des chansons entendues puis écoutées, des livres lus, mais pas tous en entier.
Des hontes, des lâchetés, des regrets. Des secrets aussi, qui pèsent lourd sur ma conscience. Des taches au tableau. Mais, comme qu'y dirait, il en faut.
Des occasions manquées, des ratages complets. Surtout en amour. Putain, surtout en amour.
Quelques vols. Quelques tricheries. Quelques insectes exécutés. Beaucoup de mensonges. Surtout à moi même. Putain, surtout à moi même.
Peu d'attachements. Peu d'aventures. Peu de rencontres. Peu de solide. Peu de concret. Beaucoup de rêves.
Des délires, aussi. Des fous rires comme pas permis. Dont beaucoup ont vu le jour au sein d'une complicité fraternelle que beaucoup nous envient. Quelque chose que j'ai mis du temps à reconnaître. Que j'ai mis du temps à accepter. Mais qui a toujours été là.
Des blagues téléphoniques, des sonnettes martyrisées, des poubelles éparpillées, des panneaux abaissés, des plots déplacés, des cours séchés. Des gamineries qui n'ont pas finies d'être perpétrées.
Des amis, aussi, mine de rien. Des amis qui se comptent sur les doigts d'une main. Ce qui est parfait, puisque ça m'en laisse une de libre pour présenter mon majeur à une bonne partie des badauds.
Quelques textes. Pas assez. Des pleins tiroirs de projets entamés. Des ambitions mal menées. Mais bon dieu, une telle envie de créer.
Alors ça y est, vingt ans. Vingt années consumées. Un tas qui prend en volume en bas du sablier. Mais, si tout va bien, encore pas mal de grains à tirer.
Vingt ans et une envie de pleurer.
Vingt ans et une envie de bouger.
Vingt ans, d'accord. Et après ?

vendredi 20 décembre 2013

Sonnet - À la serveuse de l'Aubrac



Même si notre histoire n’a pas connu l’aurore
Puisque, avant d’éclore elle s’est vue fauchée
Par faute du hasard ou de mes lâchetés
J’en porte bien le deuil, comme d’enfant né mort

Déjà de ma mémoire ton portrait s’évapore
Pourtant, moi, pauvre hère, que n’aurais-je donné
Pour qu’il me soit offert de chanter ta beauté
Si ce n’est pour toujours, au moins un peu encore

Il ne me reste plus, pour quitter les martyrs
Qu’à laisser faire le temps, lui qui peut tout guérir
Pour enfin te faire taire, maudit mal qui me ronge

Et puisque de ma vie le destin t’a fait fuir
Me laissant seul avec mes langoureux soupirs
Je te garde captive à jamais de mes songes