Cette nuit a toutes les chances d'être
une nuit importante. Mon Grand Soir à moi. L'avenir me le dira. Je
vais peut-être encore une fois me coucher plein de bonnes intentions
et recommencer dès demain à agir comme j'ai toujours agis. J'écris
ces lignes pour marquer cet instant, pour pouvoir me pencher dessus
plus tard, pour me prouver que ce n'est pas un rêve. Cette nuit,
j'ai enfin compris une phrase que j'ai entendu des dizaines de fois
sais jamais l’assimiler. Vous savez, ces phrases qu'on nous sert
tellement souvent qu'elles en deviennent creuses. De simples formules
de politesses dont ou a oublié l'auteur. Moi, en tout cas, je ne le
connais pas. Mais je crois avoir saisi l'essence de ses mots. « Le
talent sans travail, ce n'est qu'une mauvaise habitude. » J'ai
jusqu'ici toujours refusé d'appliquer ce principe à ma vie. Et ce
pour une raison simple : je ne pensais pas avoir de talent. En
un sens, je n'avais pas tort. Je n'ai pas de talent dans le sens où
je l'entendais alors. Cette étincelle divine qui fait briller les
grands hommes. Je n'ai rien d'un génie. Et pourtant, j'ai du talent.
Comme beaucoup ont du talent. Dans divers domaines. Il semble que le
miens soit peu ou prou lié à l'écriture, on me l'a souvent fait
remarquer. Mais je me sentais illégitime, je me pensais indigne de
telles éloges, car je me savais et me sais toujours bien loin de
ceux qui ont inscrit leurs noms en lettres d'or dans l'histoire de la
littérature. Il y a cependant un point sur lequel je m'étais
trompé. Cela ne doit pas devenir une excuse pour laisser ma facilité
à manier la plume tomber en désuétude. Je ne serais jamais un
Voltaire, un Baudelaire ou un Hugo ? Qu'a cela ne tienne. Je me
dois de faire de mon mieux. Ne serais-ce que par respect envers
moi-même. Mais pour cela, il faut du travail. Je l'ai compris
aujourd'hui seulement. On m'a encore une fois rendu un devoirs
affublé d'un commentaire dans le style « Vous avez des
capacités, mais vous ne les exploitez pas. ». C'est loin
d'être le premier. Je devrais être blasé, depuis le temps. Mais ce
commentaire a eu cette fois-ci une portée toute particulière.
Qu'est-ce que ce devoirs avait d’exceptionnel ? Je ne sais
pas. Mais en le relisant, je me suis rendu compte à quel point le
travail avait été bâclé, et à quel point j'aurais pu faire
mieux. Je crois que ce réflexe d'autorégulation qui a toujours été
miens, cette faculté d'en faire juste assez pour avoir la moyenne,
était lié à une peur de l'échec . Je craignais de me rendre
compte après avoir tout donné que quelqu'un avait fait mieux que
moi. Je dois avoir un ego plus développé que je ne le pensais. Le
tout est d'accepter le fait que ne pas être le meilleur n'est pas
obligatoirement un échec. Ça fait un peu morale de dessin animé
pour enfants, mais l'important, c'est de se montrer à sois même ce
qu'on est capable de faire. Jusqu’à maintenant, mon talent pour
l'écriture n'était en effet qu'une mauvaise habitude. Un texte
pondu par-ci par-là, une blague arrogante glissée dans un rendu à
un professeur... Je me dois d'essayer de faire mieux que ça. Et tant
pis si un jour je me rends compte que ceux qui m'ont encouragé se
sont trompés, que je n'ai pas de réel talent pour l'écriture.
J'aurais au moins le mérite d'avoir essayé. Je vais aller me
coucher fort de cette nouvelle perspective, en espérant qu'elle ne
s'évanouisse pas le matin venu.
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J'espère aussi que cette nouvelle perspective ne s'évanouira pas le matin venu... mais même si c'est le cas, ton texte te la rappellera et tu y reviendras forcément, le moment venu... Si elle ne t'était pas venue avant c'est que ce n'était pas le moment. Tu es toi, avec tes qualités, tes doutes, tes capacités... Seul toi peut décider de les exploiter ou pas. On ne te demande pas d'être un Hugo, un Baudelaire, un Voltaire ! On te demande d'être toi et d'être bien avec toi !
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