Il était une fois un petit garçon qui
n'était pas fait comme les autres. Il avait froid quand les autres
avaient chaud, et chaud quand les autres avaient froid. Nul ne savait
d'où pouvait venir se travers. Il était né comme ça, c'est tout.
Et les choses auraient pu en rester là, à ce simple était de fait,
si il avait rencontré ne serais-ce qu'une seule personne pour lui
ressembler. Hélas, il se rendait compte un peu plus chaque jour
qu'une telle personne n'existait pas, ou, que si elle existait, elle
avait appris à vivre avec. C'est d’ailleurs en arrivant à cette
conclusion qu'il décidât, lui aussi, d'apprendre à vivre avec.
Jusqu'alors, il avait évité de sortir avec les autres enfants. Il
ne se trouvait jamais d'accord avec eux, quoi qu'ils choisissent de
faire. Ceux-là avaient toujours tendance à chercher le soleil, que
lui fuyait comme la peste. Il restait donc seul, dans son coin,
écoutant les autres rire aux éclats. Quant à leur proposer de
venir avec lui à l'ombre, il n'y songeait même pas, sachant qu'il
allait encore être la cible de moqueries. On allait encore le
traiter « d'étrange » ou « d'anormal ».
Certains l’appelleraient encore « Le Frileux », et ça,
il ne pouvait ni ne voulait plus le supporter. Un jour, après
l'école, les enfants se regroupèrent pour aller jouer au parc. Il
se mêla discrètement à la foule, et les suivit sur un chemin qu'il
n'avait alors jamais emprunté. Bien qu'il soit facilement
remarquable lorsqu'il était seul, il passa, au milieu des rires et
des chahutages, totalement inaperçu. Il se prit même au jeu de
l'euphorie, si bien qu'il vous aurait été impossible de le
reconnaître si vous l'aviez croisé. Pourtant, au bout de quelques
minutes de marche, le petit garçon sentit un frisson courir le long
de son dos. « Ce n'est rien », se dit-il, « C'est
juste une impression. Il fait chaud ici, je dois donc avoir chaud. ».
Pourtant, arrivé au parc, il se mit à grelotter. Presque
imperceptiblement, au début. « Le soleil est haut dans le
ciel. Les autres ont chaud. J'ai chaud. », se dit-il pour se
rassurer. Au bout de quelques minutes, il tremblait violemment. Mais,
trop occupés à faire une bataille d'eau, les autres enfants n'y
prêtaient pas attention. L'enfant fut pris d'une envie, celle
d'aller s'allonger à l'ombre, ou de rentrer chez lui. Mais il n'en
fît rien. « Les autres font une bataille d'eau »,
pensait-il, « on fait ce genre de choses quand il fait chaud.
Il fait chaud. Je dois avoir chaud. ». Malgré ses efforts pour
se persuader du contraire, le garçon se sentait de plus en plus mal.
Et chaque fois qu'il sentait les signes du froid se manifestait, il
se persuadait un peu plus qu'il avait chaud, comme les autres. Au
bout d'une heure, il tomba, inerte, en plein soleil. Il était mort
de froid.
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